Les principes et les valeurs de l’Ordre Druidique de Dahut
Le druidisme que pratique l’ODD et le sens de ce qu’il met en oeuvre s’appuient sur des principes druidiques traditionnels et des valeurs païennes fondamentales.
Le druidisme* que nous pratiquons et le sens de ce que nous faisons s’appuient notamment sur les principes et valeurs suivants :
Polythéisme
Nous reconnaissons l’existence de Dieux et de Déesses multiples et parmi eux les Aînés. Ces déités sont bien distinctes les unes des autres et leur existence est totalement indépendante de l’esprit humain.
Par ailleurs, nous reconnaissons une hiérarchie au sein de cette sphère divine. Ainsi les divinités de rang Aîné, dont l’influence est le plus souvent globale, se trouvent au sommet de la hiérarchie, tandis que les divinités de rang inférieur ont souvent une influence plus localisée géographiquement parlant ou sont plus proches des êtres humains.
Paganisme : relation forte avec les pays dans leur spécificité
Notre pratique religieuse se fait en communion avec la terre sur laquelle nous vivons et dans laquelle nous plantons nos racines pour nous laisser œuvrer. Nous nous accordons aux cycles saisonniers des différents lieux où s’ancrent nos clairières. Nous sommes en permanence à l’écoute des divinités locales, en sus du culte des Aînés globalement célébré. Nous entrons avec respect en relation avec la nature et les êtres qui la constituent : les plantes, les animaux, les minéraux et les champignons présents sur nos pays*.
Paganisme : les structures communes aux païens
Le paganisme* tel que nous le pratiquons dans l’Ordre Druidique de Dahut se fonde sur des principes cycliques et pratique le culte des Aînés, que nous retrouvons tous deux sur l’ensemble de la planète.
Les rythmes de Belisama (lunaires) et de Belenos (solaires) constituent ainsi la source de la détermination des dates des grandes célébrations du calendrier païen*, que l’Ordre reconstitue en suivant les instructions des divinités.
Le culte des Aînés concerne des divinités qui sont présentes sur tous les continents, bien que sous des formes et des noms différents. Ainsi l’ODD honore les Aînés sous le nom et les formes qu’ils prennent dans le cadre du druidisme* et toujours en lien avec les résonances des pays*, mais reconnaît l’autorité du Conseil des Aînés et l’intègre comme structure qui dépasse les particularismes continentaux.
Oralité, expérience et inspiration : le druidisme, une religion vivante
Le druidisme* est une religion inscrite dans une Tradition vivante, qui évolue et demeure toujours dynamique. Tout en reconnaissant l’héritage des Anciens, notre Tradition ne saurait rester immobile et se satisfaire des acquis du passé. Elle doit rester libre de s’enrichir de la puissance de l’Awen, de l’expérience et du choix des êtres, de refléter l’évolution de notre monde comme de l’Autre-Monde et de la sphère divine.
Pour demeurer ainsi capable d’évolution, la transmission des aspects sacrés* de la Tradition doit notamment rester affranchie de la fixité de l’écrit. En conséquence, l’accompagnement des laïcs* et l’enseignement des cheminants* se fait principalement de manière orale et en privilégiant l’expérience religieuse. Les ateliers pratiques, les échanges de personne à personne, l’imprégnation par la participation régulière aux fêtes et aux célébrations, les cérémonies bardiques, en sont les outils privilégiés.
Par ailleurs, l’ODD considère que tout être, doté de libre-arbitre, doit apprendre à s’affranchir des normes et des dogmes rigides, à devenir autonome à tous les niveaux, s’appuyer sur sa confiance en soi, ses valeurs et savoir construire sa foi en conscience tout en étant guidé avec justesse.
Le courage
Parmi les valeurs fondamentales inhérentes au paganisme se trouve le courage :
Celui de se tenir droit et fort face aux expériences de la vie, aux divinités, aux autres êtres.
Celui d’affronter bravement les peurs, les épreuves, tant physiques que psychiques, sociales que sacrées*, en s’appuyant sur la connaissance de soi et de ses capacités.
Celui d’Être, entier, sans concessions ni faux-semblants.
La responsabilité
Le courage est également le socle sur lequel se fonde la responsabilité, autre valeur essentielle :
Courage de respecter ses engagements et ses serments au regard du monde profane* comme du sacré*, sans compromis ni fuite.
Courage d’assumer les conséquences de ses pensées, de ses paroles, de ses actes, d’être responsable face aux hommes comme face aux déités.
De ce fait, nous n’encourageons pas au pardon, mais en revanche nous incitons les êtres à mûrement réfléchir à leurs décisions, leurs choix, afin d’en assumer pleinement les implications. Ainsi seulement peut-on voir s’épanouir une société d’êtres autonomes et responsables.
Le chemin de l’Être, vers l’entièreté et l’autonomie
Cette autonomie des êtres s’appuie sur une connaissance de soi, fruit d’un travail vers l’entièreté de l’Être.
L’ODD propose, notamment au travers du Collège des Druides et grâce au soutien des Ovates, l’accompagnement sur ce chemin fondamental, qui est à la fois une découverte de soi et un véritable engagement vers l’autonomie, tant émotionnelle, matérielle, que psychologique. Il s’agit d’apprendre à mobiliser ses propres forces et ressources afin de ne plus dépendre des autres êtres. Cette indépendance permet de cultiver la lucidité et d’être créateur de sa vie.
L’objectif final d’entièreté de l’Être suppose notamment :
- de faire tomber les masques du paraître pour découvrir, accepter et intégrer l’Être que l’on est ;
- se dépouiller des normes et des conditionnements sociaux, familiaux et dogmatiques ;
- ne plus subir mais choisir en conscience les artifices sociaux indispensables à des relations harmonieuses, sans pour autant être fausses.
Le respect et l’absence de jugement
L’amour-propre que permet de retrouver et de cultiver l’entièreté de l’Être, amène le respect de soi, fondement du respect de l’autre. Ce respect est nourri par la compréhension profonde de la nature humaine et des autres êtres et se manifeste par l’absence de jugement sur soi comme sur les autres.
Cela est par ailleurs une condition indispensable pour pouvoir accompagner les autres êtres sur leur chemin sans présager de ce qu’ils seront, dans leur spécificité et leur richesse. Ceci concerne tout autant les sacerdotes* de l’Ordre Druidique de Dahut encadrant des cheminants* que les membres de la communauté païenne* accompagnant les jeunes êtres.
Le respect de tous les êtres
Cependant, cette absence de jugement et ce respect de l’autre ne doivent pas s’arrêter à la sphère humaine. Nous considérons en effet que tous les êtres, qu’ils soient animaux (y compris les humains), végétaux ou champignons, méritent d’être respectés et considérés comme sujets de relation, et non objets de consommation.
En ce sens, en tant que païens*, les êtres humains ont à renouer des liens profonds avec leur état de nature, en équilibre avec leur culture, en se connectant à leurs instincts issus de leur animalité. Cela doit permettre de préserver en eux une humilité respectueuse et de retrouver leur juste place dans le monde.
L’ODD déplore notamment la façon dont les autres règnes et le monde animal (dont ils ont tendance à s’exclure) sont exploités par certains êtres humains pour pallier leur paresse et/ou leur manque de connaissance d’eux-mêmes. Plutôt que de s’approprier de droit une plante ou une pierre pour les « utiliser », ceux-ci étant ainsi souvent rendus à l’état d’objet « magique » ou de soin, nous considérons qu’il est plus juste pour les personnes impliquées de faire preuve de courage, travailler sur leur Être, et chercher en eux les ressources qui les rendront autonomes.
Cela n’exclut pas la quête de la connaissance et la transmission du savoir concernant l’ensemble des êtres. Mais la recherche de soutien auprès des autres êtres doit selon nous se limiter au strict nécessaire. Par ailleurs, cette démarche ne saurait être guidée par des règles fixes, tirées par exemple d’un ouvrage écrit, mais par le respect, l’écoute, la construction d’une vraie relation avec le monde, les autres êtres et les déités.
Ainsi, même si elles ne sont pas des êtres vivants, les pierres locales, ramassées, prélevées avec respect et honorées auront la plupart du temps plus de force et d’efficience que des pierres « importées » ou arrachées sauvagement au sol. Ceci dans le respect de la divinité qui veille sur le monde minéral, Ethiel.
Ouverture, curiosité et justesse
Ouverture et tolérance sont les corollaires du respect et en conséquence viennent s’inscrire naturellement parmi les valeurs du druidisme*.
Cette ouverture suppose une curiosité active qui s’oppose à l’ignorance parfois complaisante et constitue un socle pour le développement de l’esprit critique, qui mène à la compréhension et à la connaissance et participe à la lutte contre l’ignorance, les préjugés et les superstitions.
Celui-ci dépasse en outre les notions morales de bien et de mal pour rechercher le sens de ce qui est juste. Il s’agit là de l’entretien d’une position dynamique, fluctuante, qui nécessite écoute et sensibilité.
Enfin, et ce n’est pas le moindre, le druidisme* se vit dans la simplicité, la confiance et l’émerveillement.
Au-delà de ces valeurs « individuelles », il est des valeurs plus « collectives » :
Esprit communautaire et esprit de corps
Ainsi en est-il de l’importance accordée à la solidarité et à l’esprit de corps. L’ODD développe en son sein un esprit communautaire et fraternel. Entraide, écoute, sincérité, respect en sont certains des constituants essentiels.
Respect de la hiérarchie
Cet esprit s’appuie sur une hiérarchie verticale claire et efficace, incarnée par la Voie Rouge et couronnée par la Prêtrise de Dahut, au service du bon fonctionnement de cette communauté. Le respect de cette hiérarchie et de l’autorité déléguée à ceux qui la composent à chacun de ses niveaux fait ainsi également partie des valeurs collectives qui fondent l’Ordre.
Respect de la mémoire des ancêtres
L’esprit communautaire s’exprime également dans le respect de ceux qui ont vécu autrefois et dont l’ODD reconnaît et honore la mémoire, notamment lors des festivités d’Omnia au cours desquelles la communauté des vivants se rapproche de celle des morts. Cependant, l’Ordre ne pratique pas de « culte » des ancêtres, considérant la diversité et la complexité du devenir de ceux qui se sont désincarnés.
* Les termes marqués d’un astérisque font l’objet d’une notice dans le lexique.